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"De nous, il faut que quelque chose reste…"

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espoir famille

24 juin 2018

Chère Mamie,

Je suis désolée pour le manque de nouvelles depuis 2011. Je suis également navrée d’apprendre que toutes ces années tu as pensé que je te détestais. Ce n’était pas du tout le cas.

2011 a été une année très difficile pour moi. Après la célébration de notre mariage, j’ai sombré dans une dépression proche de la mélancolie. Par protection (et surtout par honte), je me suis coupée du monde, de tout le monde. Je suffoquais à Grenoble et je n’avais qu’une envie: mourir. Quelques mois plus tard, en décembre, je suis tombée malade: j’ai commencé à avoir de très douloureux et importants saignements entre mes règles sans que personne ne comprenne à quoi cela était dû. Dépression ? Thyroïde ? Kilos en trop ? Somatisation ? (Ce n’est qu’en février de cette année que le mystère a enfin été levé.)

À l’automne 2012, j’ai finalement trouvé la force d’aller voir une psy avec qui j’ai pu retrouver, petit à petit, goût à la vie.

En 2014, Cyp a été muté à Boston : nous avons vendu notre appartement et avons débarqué aux États-unis fin avril, avec nos trois chats et Xanax, la chienne que nous avons adoptée en 2013. C’est un faux dalmatien (Lévrier des mangroves) rescapée de Guadeloupe.
Ce n’est que depuis quelques mois que j’ai enfin réussi à sortir la tête de l’eau et depuis, je reprends ma vie en main. Ou du moins, j’essaie de recoller les pots cassés..

Je pense très souvent à toi; quasiment tous les jours, pour dire vrai. Je me demande comment tu vas, si tu souffres toujours autant des rhumatismes, si tu vis toujours seule, si tu peux encore te déplacer comme tu l’entends, etc, etc.
J’ai hérité de ton amour pour les plantes vertes, le jardinage, les choses délicates et empreintes de souvenirs familiaux. Je suis également insomniaque depuis une bonne dizaine d’années maintenant (mon mental ne voulant pas me laisser en paix).

La dépression a brisé toutes les couches de la carapace que je m’étais créée enfant. Tous ces mécanismes de défense et de protection. Laissant la place à une sensibilité exacerbée, un besoin immense de nature et de calme et une vie sans mélodrames familiaux qui dépassent mon entendement, usent ma patience et ma santé mentale.

Je n’ai jamais souhaité en arriver là. Toute ma vie je n’ai désiré qu’une chose: être aimée inconditionnellement.


Entre 2007 et 2009, j’ai tout fait pour que papa communique à nouveau avec toi parce que je savais, au plus profond de mon être, à quel point tu souffrais.
A partir de là, les histoires avec Carmen ont recommencé et ont anéanti le peu de confiance que tu avais en moi. Ce triangle vicieux où chacune de mes paroles étaient remises en question ont engendré en moi des colères violentes jusqu’au jour où j’ai compris que le lien grand-mère/petite-fille qui nous liait ne serait plus jamais le même.

Voilà la raison principale de mon retrait.
Dans l’inconscient collectif, j’étais la cause de tout ce mal: la meilleure chose à faire était donc de tirer ma révérence, en toute abnégation.

Est-ce que j’ai souffert de cet « exil imposé » ? Assurément. Est-ce que je le regrette ? Souvent.

Mais au final, cette décision m’a permis de prendre du recul, de me reconstruire et de mûrir. Ça fait peut-être de moi quelqu’un d’égoïste mais c’est la seule solution que j’ai trouvée à l’époque pour me préserver. Je suis désolée d’apprendre que toutes ces années tu as pensé que je te détestais. Ce n’était pas du tout le cas. Je pensais que tu me détestais et que tu ne voulais plus rien entendre de moi. Que la seule chose qui t’importait le plus était de reconnecter avec ton fils aîné et que ces histoires cessent.


J’ai recontacté papa en janvier de cette année, pour trois raisons:

J’ai un besoin viscéral de retrouver Sylvie.
J’ai découvert un pan de notre histoire familiale qui expliquerait beaucoup de comportements.

J’ignorais complètement qu’il habite désormais en France et qu’il s’est (enfin) séparé de Carmen. Ce fut un choc auquel je ne m’attendais pas. Une délivrance émotionnelle inouÏe. Un miracle que je n’espérais plus.

Toutes ces années de souffrance et ce travail sur moi m’ont permis de réaliser que je n’étais que le bouc émissaire, ce « paquet dérangeant» que mon père, ma mère et Carmen n’ont cessé de jongler avec, résultant en dommages collatéraux qui auront déchiré notre famille, des décennies durant. Et la plupart du temps, je n’étais qu’une enfant. Une gamine, certes insolente et ingérable, mais par-dessus tout, mourant d’envie d’être heureuse, comprise et choyée. J’ai, bien évidemment, mes torts et j’en suis tout à fait consciente. Je ne les nie pas, loin de là.
C. et papa m’ont détruite, chacun à leur manière. Papa par son inaction, Carmen par sa maltraitance quotidienne. J’en porte encore les cicatrices invisibles qui me hantent jours et nuits.
Pendant 25 ans, j’ai crû que j’étais un monstre et que je ne valais pas d’être aimée et défendue par mon père. J’ai récemment fini par comprendre que tout cela n’était pas de ma faute mais surtout que je n’aurais jamais pu y changer grand chose. C’était perdu d’avance. Je n’avais pas main mise, je n’étais qu’un pantin parmi tant d’autres.

Chaque jour qui passe, je remercie la vie d’avoir mis Cyp sur mon chemin. J’aurais tellement pu mal tourner. Or, c’est lui, tant bien que mal, qui a réussi à me sauver (et à me montrer chacun des 4868 jours que nous avons passé ensemble) mes valeurs, mes qualités et l’importance d’aimer et d’être aimé(e) inconditionnellement.

Toi aussi, tu m’as sauvée, et cela plus d’une fois. Et je t’en serai reconnaissante à vie. Je sais pertinemment que notre cohabitation a souvent été chaotique et que chacune de nous avait des désirs contradictoires dont les actions ont souvent été mal interprétées. Je ne regrette qu’une chose: de ne pas avoir profité de ce cadeau de la vie pour apprendre à mieux te connaître, l’histoire de ta vie, Papi, Simone, nos ancêtres, ..
Je repense très souvent à notre pèlerinage à Briançon (avec Cyp) et je sais que je chérirai ces souvenirs à vie.


Début janvier, j’ai fait une fausse-couche. La troisième. À l’issue du curetage, on m’a trouvé des cellules cancéreuses: cancer de l’endomètre. Au vu de mes antécédents médicaux, la gynécologue, l’oncologue et l’endocrino ne comprennent toujours pas pourquoi depuis 2011, personne n’avait poussé les examens. Pendant sept ans, je me suis entendue dire que c’était dans ma tête, à tort. Oh, combien de fois me suis-je retrouvée aux urgences ou bien réveillée en pleine nuit dans une mare de sang ! Tous ces draps, habits et affaires tâchées, ce dégoût croissant pour le sang, ces douleurs insupportables et cette culpabilité quotidienne de ne pas savoir pourquoi mon corps s’infligeait cela. Il s’avère tout simplement que j’ai, depuis toujours, un dérèglement hormonal. Et au bout d’un moment, mon corps a, tout bonnement, commencé à dérailler. (Il est très probable que le choc émotionnel qui a déclenché la dépression ait aussi déclenché le reste.)
Suite à cette fausse-couche, j’ai également appris que je n’aurais jamais pu être mince. Toute la volonté du monde n’aurait pas suffit. Impossible. Toutes ces années à me détester, à me priver, à me faire vomir et à maltraiter mon corps réduites à rien.

De même, j’ai très peu de chances de pouvoir mener une grossesse à terme. […] Ma prochaine biopsie est programmée pour Octobre. S’il n’y a pas de résultats encourageants, l’étape d’après sera l’hystérectomie, en espérant qu’entre temps d’autres organes n’aient pas été compromis.

Bref, moi qui ai toujours voulu fonder une famille, ma famille, cela a été un choc. Et traverser cela toute seule, bien qu’avec Cyp, n’a pas été des plus aisés, je l’avoue.

Ces derniers mois m’ont poussée dans mes retranchements comme jamais, à chercher mes réelles motivations quant à avoir des enfants et à l’idée que dans cette vie, finalement, tout n’est que lâcher-prise.


La troisième raison pour laquelle j’ai pris la décision de recontacter papa, c’est parce que réaliser que mon père a 60 ans et que je ne saurai jamais qui il est vraiment, me rendait folle de tristesse. Cyp a perdu son père de manière tellement abrupte, la culpabilité de ne pas profiter du mien me bouffait de l’intérieur. Tant de questions qui resteraient sans réponses, tant de non-dits et de silences. Tant d’années gâchées bêtement.

Tu sais, Mamie, je ne t’ai jamais détestée parce que je n’ai jamais cessé de t’aimer.

Tu étais le dernier pilier sur lequel je pouvais compter et m’appuyer.

J’ai beaucoup pensé à toi ces derniers mois et quand je songe à tous les êtres chers que tu as perdu et à toutes les épreuves que tu as dû surmonter, je ne peux m’empêcher d’envier cette force de la vie. Je ne saurai même pas expliquer comment tu as fait pour ne pas sombrer. Je t’admire tellement et je regrette réellement que tu aies souffert toute ces années à cause de moi. J’espère sincèrement que l’on pourra très bientôt se revoir. En attendant, je t’embrasse fort.

Céline


(lettre envoyée en fedex overnight, refusée deux fois; acceptée au bout de deux semaines de pourparlers: elle pensait que c’était une arnaque.)

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commentaires

  1. Carole says

    30 octobre 2018 at 13:32

    Oh Céline, je pense fort à toi et t’embrasse tendrement.

    Répondre

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